installazione, zucchero, gelatina alimentare, coloranti alimentari
dim variables (pièces entre 5 et 18 cm)
realizzato a Panevezys, Lituania

Dailès Galerija, Panevezys, Lituanie, 1998
Convento del Bigorio, Tesserete 1998
Musée Jurassien des Arts, Moutier, 2002
Galerie Riss, Samedan, 2004

Elle sourit : c'est le sucre, ça adoucit la vie. 



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Elle sourit : c'est le sucre, ça adoucit la vie. 

Ce n'est pas le sucre.
C'est la dame de la maison en bois qui émerge à peine des fleurs du jardin. Elle m'a redonné le sourire.
Ses cheveux et son tricot sont de la couleur du sucre lituanien qu'elle sort du buffet, avec la gélatine et les colorants alimentaires pour nous expliquer la recette de la pâte.
Les champignons, les fraises, les pingouins, les cygnes sont destinés au décor de la table de mariage, le deuxième jour de la fête seulement, parce que le premier n'est réservé qu'aux plats salés.
Toute la journée se déroulent des jeux de rôles.
Chacun doit jouer son propre personnage : le maître de cérémonie a le devoir de faire s'amuser les convives.
Un homme et une femme déjà mariés et plus âgés jouent le rôle d'entremetteurs, ce sont eux qui ont présenté la jeune mariée à son époux. Ils garantissent que la fiancée est vierge.
Après la première nuit, l'époux se plaint qu'il a été trompé,
l'épouse n'était pas vierge : il tape, et sérieusement, l'homme qui les a présentés.
Il y a un procès, un juge habillé en noir survient, l'homme doit faire son testament.
Sur la table les petites formes en sucre désignent les rôles de chacun.
Les pipes sont destinées aux parents des époux ; les petits verres à ceux qui doivent contrôler que les verres des invités ne sont jamais vides.
Le garçon d'honneur recevra une bague en sucre : il sera le prochain qui va se marier, ainsi que la demoiselle d'honneur, qui, elle aura un cygne, symbole de beauté et de féminité (en lituanien le mot est féminin). Le poisson sera donné à un invité un peu terne, les petits champignons aux dix petits pages.
Le bébé enfin est offert aux époux pour qu'ils n'en fassent pas un avant le temps nécessaire.
Ces sucreries réalisées le soir en plus du travail de l'usine, ont permis à madame Peciuliene. de s'en tirer financièrement quand les enfants étaient petits. 
Elle sourit : c'est le sucre, ça adoucit la vie. 
Luisa Figini (2002)

« Luisa Figini utilise diverses formes d'expression, les matières naturelles, la performance et le son. Après s'être inspirée de matériaux souples (terre, tissus, vessies) pour créer des sculptures et des installations, elle introduit la présence humaine dans Pour une peau (1998-1999). D'objet extérieur,la matière est devenue une deuxième peau : l'artiste tessinoise s'est entièrement enveloppée de la pellicule translucide d'un intestin de bœuf. Vêtue de ce cocon nacré, elle a expérimenté différentes situations, où se mélaient des sentiments contradictoires d'asphyxie, d'aveuglement et de protection. Elle interrogeait ainsi la relation aux autres. De Franz Erhard Walter dans les années 1970 à Victorine Müller aujourd'hui, d'autres artistes jouent sur ce type d'expériences, qui mettent physiquement à l'épreuve et transforment l'apparence corporelle. Celle-ci peut alors évoquer l'univers de la science-fiction ou de certains rites tribaux.

Le corps humain est également apparu comme motif dans les « Ex-voto (1998) que L.F. a réalisés en Lituanie. Bras et jambes moulés en sucre se réfèrent à des pratiques artisanales, religieuses et alimentaires lituaniennes. Un aspect documentaire se mêle à des impressions ambigües, entre la gaieté du matériel festif, bariolé, et l'inquiétude provoquée par le corps démembré.

L'expérience relationnelle et le caractère documentaire se rejoignent dans les installations sonores récentes (2000, 2001) de Luisa Figini. Mais la présence tangible du corps s'efface pour laisser place à des voix anonymes. Ces voix racontent les rencontres et les séparations de couples, ou l'univers borghésien de la bibliothèque. Si le rôle de l'artiste paraît en retrait, proche du journaliste radiophonique, Luisa Figini règle un montage minutieux qui construit des récits intimes. L'imaginaire de ces témoins anonymes ainsi mis en scène évoque un univers romanesque. Salotto (Salon, 2000) propose au contraire un environnement insonorisé, feutré par des murs étrangement tapissés (...)»
Valentine Reymond, Conservatrice du Musée Jurassien des Arts, 2002